"Vous habitez où? - Pagford"

Une Place à prendre, J.K. Rowling, Grasset, 2013, 680 pages

Lecture du premier livre apporté par le Père Noel à l'initiative de Cane qui connait bien mon goût immodéré de tous les volumes d'Harry Potter et qui m'a fait très plaisir en m'offrant le dernier roman de J.K. Rowling. J'avoue que je craignais un peu d'être déçue car j'avais lu des critiques plutôt mitigées. En réalité, j'ai beaucoup aimé et ce dès le début qui montre la mort de Barry Fairbrother d'une rupture d'anévrisme. Cet incident somme toute banal met en émoi la petite bourgade de Pagford et un certain nombre de ses habitants que l'on va retrouver tout au long du livre.

Barry était membre du conseil paroissial, sorte d'instance décisionnaire dans les affaires de la ville. Ses prises de positions politiques étaient loin d'être unanimement approuvées par l'ensemble des membres du conseil. Selon qui évoque cette mort, Barry était soit un homme bien soit un parfait crétin. Les nombreux personnages qui peuplent cette cité ont tous des liens les uns envers les autres. Rowling propose une critique dure de notre société et peut-être de la société anglaise. Les deux clans qui s'opposent pourraient être naïvement divisés entre les riches, pagordiens de souche, jaloux de leur bienséance et de la conservation de ce qui est à eux, le refus d'aider les pauvres, la racaille ( c'est-à-dire pour résumer les habitants des Champs), en face les miséreux (ceux des Champs), vivant dans des conditions sordides et accumulant tous les vices de la société. Entre les deux, plusieurs familles sont évoquées qui entretiennent des liens directs ou plus distendus entre les deux factions: les Walls, Mollison, Price, Weedon, Jawanda...

Ce qui est sûr c'est que J.K. Rowling aime ses personnages, elle les anime d'une foule de détails qui les rendent uniques. J'ai été particulièrement sensible aux personnages d'adolescents et aux comportements qu'elle leur prête. Rowling a pour eux de la tendresse et de la bienveillance. Les jeunes me semblent les vrais héros de l'histoire car ils sont plus authentiques que leurs ainés et ne sont pas encore contaminés par les carcans qui enferment les adultes. Rowling montre une réalité crue mais qui ne donne pas dans le sensationnel ni le sordide gratuit. Rowling a aussi le sens du récit, elle sait vraiment raconter une histoire et chaque fin de chapitre donne envie de lire "encore un peu et puis j'arrête" - résultat des courses, couchée à trois heures cette nuit pour finir... La lecture mérite bien parfois le sacrifice de quelques heures de sommeil.