"Dîtes-moi où en quel pays"

Je, François Villon, Jean Teulé, Julliard, 2006, 416 pages.

J'ai toujours adoré cette Ballade des dames du temps jadis de François Villon, en particulier parce qu'enfant je l'entendais chez mes parents chantée par Brassens. Lorsque j'ai lu sur un des blogs de lecture que je consulte (je ne me souviens plus lequel) un billet sur ce roman, ça m'a fait envie. J'ai bien aimé ce roman retraçant (avec quelle fidélité?) la vie du célèbre poète médiéval. On voit Villon enfant, en compagnie de sa mère qui était une bien douce femme, puis très rapidement sa vie n'est qu'une suite de malheurs, provoqués parfois par lui-même. Ce qui est sûr, c'est que Villon était un drôle de personnage qui avait un penchant certain pour la noirceur et pour les bas-fonds de la société. Il apparaît friand de vivre et de cotôyer toutes sortes d'atrocités. Il se frotte aussi aux hautes classes de la société sans que cela lui soit forcément positif. J'ai eu du mal avec certaines scènes car la violence est toujours présente et que certains raffinements me laissent assez mal à l'aise. J'ai perdu beaucoup de la tendresse que j'avais pour Villon dans un épisode où on voit son goût pour le mal particulièrement à l'oeuvre. La réflexion qui m'est venue aussi c'est qu'une fois de plus les femmes sont celles qui souffrent le plus de la bestialité des hommes et que de tous temps et sous toutes latitudes les moyens utilisés pour les avilir sont les mêmes.

Ce que j'ai apprécié c'est le mélange des oeuvres poétiques de Villon (dans leur double versions en ancien français et en français moderne) remises dans leur contexte d'écriture. Teulé a imaginé dans quelles occasions elles ont pu être écrites. L'image du Moyen Age qui ressort est rude et brutale mais la beauté des vers naît justement de cette dureté. Je n'aime pas particulièrement Jean Teulé dont Le Magasin des suicides m'avait laissée assez froide, là il met son style au service de son sujet et c'est plutôt agréable à lire.