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10 Février 2015
JE MOURRAI PAS GIBIER, Guillaume Guénaud, DoAdo Noir, Editions du Rouergue, 2006, 75 pages
Un tout petit bouquin que tu reçois comme un coup à l'estomac et comme une baffe. Comment un gamin, en apparence normal, prend un fusil et dégomme tout ce qui bouge, sa famille en tête? Ce Martial, qu'au début de l'histoire, j'ai classé parmi tous les gosses désequilibrés: accro aux jeux vidéos violents, maltraités par sa famille ou tout simplement tarés, peut-il en arriver à un tel geste?Faut dire qu'il n'est pas gâté le môme: il vit à Mortagne (le nom déjà c'est tout un programme), patelin paumé dans lequel deux clans, les bûcherons et les scieurs, se vouent une haine séculaire. Tous les prétextes sont bons pour se foutre sur la gueule: mariage, enterrement, loto... Et au milieu: Martial. Il n'est pas tout à fait configuré comme les autres. Déjà il veut se barrer, faire de la mécanique et échapper à l'ambiance plombée du lieu. En plus, il est gentil avec Terence, l'idiot du village, sur lequel on peut se défouler en toute tranquilité. En très peu de pages, Guénaud arrive à nous immerger dans une ambiance de violence et de connerie humaine surdéveloppée. Ils sont tous pourris, tous si fiers d'eux et de leur bêtise crasse. Au final, le seul qui m'apparait véritablement humain est ce gosse qui lui a refusé d'être comme les autres et qui a choisi l'horreur pour exister. Vraiment à lire pour réfléchir sur la monstruosité.