"La poésie ne peut rien, sauf satisfaire l'imagination."

LES COURANTS FOURBES DU LAC TAI, Qiu Xialong, Points, 2010, 309 pages, traduction Fanchita Gonzales Batlle.

Chen Cao profite de vacances dans le luxueux Centre pour cadres et hauts personnages du Parti. Il doit ce privilège au camarade Zhao, toujours bienveillant à son égard. Un peu étonné d'être traité en hôte de prestige, il se promène dans la ville voisine et rencontre dans la gargote de l'Oncle Wang, la belle et mystérieuse Shanshan. Cette jeune femme est ingénieur spécialisée dans la protection de l'environnement et elle est employée dans une usine déversant de nombreux déchets toxiques dans le lac Tai. Ils conversent agréablement et une attirance s'installe entre eux.

Un meurtre se produit, il s'agit de Liu, le directeur de l'usine et donc patron de Shanshan. Chen, tout en restant le plus discret possible, aide le jeune policier Huang à mener l'enquête. Cet évènement rendra les liens entre Chen et la jeune ingénieur plus étroits.

C'est toujours aussi dépaysant de lire les romans policiers de Xialong, le rythme est souvent lent, on a le temps de se promener dans les paysages chinois (ce qui me donne encore plus envie d'aller en Chine à chaque fois), l'enquête comporte peu de violence et une sorte de tranquillité. Chen tire autant de conclusions qu'il cite des vers de poèmes, comme il est un fin gourmet, la nourriture occupe une place importante. La description de la société chinoise est plutôt intrigante pour nous occidentaux. Vu que l'auteur est exilé aux Etats-Unis depuis plusieurs années, je ne sais pas d'où il tire ses sources, sans doute a-t-il encore des contacts. Les thèmes autour de l'environnement et de la production chinoise qui génère de la pollution montrent que la prise de conscience évolue mais qu'en Chine aussi, l'appât du gain reste le plus fort. La société totalement inégalitaire qui est décrite permet à l'auteur de critiquer à la fois les cadres du Parti aussi bien que les Gros-Sous (nouveaux riches surfant sur le capitalisme et prêts à tout pour réussir). La fonction de Petite Secrétaire (qui tient aussi bien l'agenda que le lit de son patron), au vu de tous, en dit long sur le mode de fonctionnement social. Chen, quant à lui, vit une relation poétique et sentimentale avec une femme qui lui correspond mais une fois encore, cela ne se passe pas totalement comme on aurait aimé.