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Partages de livres, de lectures, d'écritures

"Comment leur faire comprendre que danser, c'est chanter?"

"Comment leur faire comprendre que danser, c'est chanter?"

LE GRAND ECART - DU CLASSIQUE AU CACAN, Anne-Marie Sandrini, Edition du Mauconduit, 2013, 263 pages.

Chronique d'une époque glorieuse de la danse parisienne. Personnages célèbres rencontrés par Anne-Marie Sandrini et sa famille. Cela me fait penser une fois de plus que le milieu familial trace la destinée des enfants et donc si on n'est pas né dans le bon milieu, on n'accède pas facilement à autre chose. Ici, on voit bien le milieu artistique comme un petit monde clos et dans l'entre-soi même si l'auteur n'en tire aucun orgueil. La grand-mère et le père d'Anne-Marie sont tous deux danseurs illustres de même que sa mère, la belle Andrée Rapo. Issue d'une lignée pareille la petite Sandrini ne pouvait que travailler dur et réussir pour ne pas déchoir, elle avait en héritage le talent familial, lourde charge pour des petites épaules de petit rat.

De jolies formules en particulier dans l'évocation de sa mission de professeur mais je trouve un style un peu emphatique. Le mixage de souvenirs et d'histoires vraies avec des extraits de journeaux d'époque ne me parait pas heureux. Finalement ce que je préfère c'est le côté autobiographique raconté de manière plaisante. J'aime bien le regard de cette petite fille qui apprend de tout ce qu'elle voit et rencontre. Anne-Marie évoque son quotidien d'apprentie danseuse, réalité faite de discipline, de rigueur et de joie aussi dans la danse. Un passage m'a marquée lorsqu'elle raconte sa relation avec un de ses professeurs particuliers, Maitre, à qui elle voue une admiration qui frôle la vénération et pour qui elle est prête à endurer beaucoup de souffrances. Je me pose toujours la question de ce que le danseur recherche en pliant ainsi son corps à toutes sortes d'exercices inhumains, il me semble qu'il y a une volonté de se faire mal (aussi bien au physique qu'au moral) afin de se surpasser et d'atteindre quelque chose que seule la danse peut procurer. Les danseuses classiques me font penser souvent à une armée ou à un bataillon, une cohorte de guerrières de la grâce, aussi implacables que souriantes. En grandissant, Anne-Marie danse mais prend aussi des chemins de traverse avant de retourner vers cet art qui l'a construite depuis son enfance.

J'ai eu la chance de rencontre cette grande dame lors d'un spectacle de danse classique donné à Béziers en l'honneur de Bénédicte Soulet et des vingt ans de son école de danse (spectacle accueillant des danseurs de l'Opéra de Paris). C'est vraiment une femme extraordinaire, pleine d'humour, de tendresse, qui a envers les jeunes générations un message ouvert et joyeux. Elle a transmis une émotion et une énergie positive à tous les spectateurs présents juste par les mots qu'elle a prononcés. Elle a dédicacé son livre à toutes les petites danseuses présentes avec simplicité et elles sont reparties avec des rêves de tutu et de pointes.

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